Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes textes et photos
2 septembre 2010

Roger

 

            Roger marche. Marche sans hâte, sans but. Chaque passant est une borne qu'il dépasse ou qu'il croise. Il marche et regarde ceux qui ne le voient pas. Ils ne savent pas qui est Roger, celui que la patronne appelait tout à l'heure Monsieur Roger avec une politesse indifférente, celui qu'elle écoutait d'une oreille absente. Monsieur Roger a terminé sa pression avant de quitter le bar. Il l'a bue sans faire attention à celui qui lui faisait face dans la glace derrière le comptoir. Il ya longtemps qu'il ne se regarde plus, qu'il ne se rencontre plus.

       Dans la rue, les regards sont toujours ailleurs ou se contentent de le traverser. Cette femme aurait peut-être pu le voir mais elle est déjà dans d'autres bras.

        La nuit est tombée, elle efface un peu plus rapidement la trace de ceux qui vivent encore quand il le croisent. Roger avance jusqu'au moment où il passe devant la vitrine d'un chapelier. Casquettes, feutres et autres couvre-chefs s'offrent à sa vue. Alors il entre dans le magasin, choisit un feutre noir, sort et s'arrête devant la vitrine. Souriant, il se dit: " Tu es noble avec ton chapeau. "

        A ce moment, un autre passant s'arrête derrière lui, regarde à son tour les chapeaux. Il est grand et sa silhouette absorbe celle de Roger.

                                                                     D. Varin

       
Publicité
Publicité
Commentaires
Mes textes et photos
Publicité
Publicité