Au-delà d'ici Dans le jardin des mille lunes Au
Au-delà d'ici
Dans le jardin des mille lunes
Au ciel printanier,
J'apprends que la nuit entière, le jardinier a veillé. ( tanka )
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01
Veillé sur les fleurs épanouies
A la nuit tombée.
Celles qui s'ouvrent tôt le matin
Et celles de la nuit au-dessus de lui
Qu'il cueille en bouquets dans ses yeux.
Attentes de parfums, reflets caressés
D'un regard perdu aux confins de là-bas
Il
Ou je
Courbe la tige
Pour être près de la fleur.
En deçà du jardin des mille lunes
Des mystères de mille mondes
Possibles
Ici
Sous un ciel printanier
S'épanouissent les fleurs
De fer et de feu.
Et la lumière sanglante a coulé sur nos yeux.
Il a fallu alors chevaucher la douleur,
Quitter le monde où le jour
N 'a plus de couleur
Pour celui, au-delà d'ici, veillé par le jardinier.
Au coeur des mille lunes,
Je baignerai alors
Dans la lumière primitive
Et, au jardin des mondes à venir,
Je naîtrai.
02
Au-delà d'ici
Dans le jardin des mille lunes,
Au ciel printanier,
J'apprends que la nuit entière, le jardinier a veillé
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Sur les lunes agitées par les nuages.
Celles qui filaient entre les branches des bouleaux
Et retenues juste à temps par le filet des étoiles.
Certaines sont tombées sur l'herbe en des milliers d'éclats de rosée,
D'autres enfin deviendront des pétales ce matin.
Il a veillé aussi pour que lui soit dévoilé
Ce qu'ici nous ne pouvons savoir
Et qu'il sèmera dans son jardin encore sombre,
Riche de ce qu'il recevra pour le multiplier,
Sous un ciel printanier.
Mais avant, au crépuscule,
Il lui a fallu prendre la terre dans ses mains
Et la sentir,
Lourde de promesses, frémir du désir de vie.
La nuit venue, sont nées les lunes nouvelles, nées des sillons
Creusés dans son corps mêlé à la terre, arrosés de rêves.
03
Au-delà d'ici,
Dans le jardin des mille lunes,
Au ciel printanier,
J'apprends que la nuit entière, le jardinier a veillé.
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Ici,
La glace couvre l'étang
Et les oiseaux inquiets cherchent leur nourriture.
Maintenant que la nouvelle m'est venue,
J'attends, derrière le rideau de ma chambre,
Que se révèle la lune.
Elle s'élève, paresseuse et belle
Dans son mystère des premiers temps
Et un jardin que je ne connais pas
S'ouvre en même temps qu'il se dessine
A mon regard agrandi.
Un jardin d'ombres et de reflets
Sur des feuilles et des branches
Que je ne peux qu'esquisser.
Quelques taches de lumière blafarde
Glissent jusqu'à l'étang entre les troncs noirs
Et se mêlent à la glace.
A mon tour, je veille.
Dans l'attente que,
A la fin de son exploration du ciel,
La lune
Découvre un autre jardin
Au-delà d'ici
Où elle sera
Un espoir de lumière.
D. Varin
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