Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes textes et photos
28 septembre 2010

Une odeur lourde de mazout englue le chantier où

                               Une odeur lourde de mazout englue le chantier où émerge, sous la lueur glacée de la lune, un immense tas de sable cachant la porte du hangar. Sous les coups redoublés d'une silhouette à peine détachée de l'ombre portée du bâtiment, elle refuse de s'ouvrir. A chaque choc du poing, une vibration grondante révèle le silence qui règne à l'intérieur.
               Au bout de quelques minutes, l'homme se retourne et s'appuie contre le battant. Il avait pourtant bien rendez-vous à l'intérieur, alors pourquoi? Pourquoi est-il seul? Cette nuit devait être la fin du cauchemar; ne fait-il que continuer? Est-ce un autre qui commence?
                Les bras le long du corps, il attend. Peut-être s'est-il trompé d'heure, de nuit même... Le temps passe, il regarde la colline de sable au faible éclat irréel sous cette boule stupidement suspendue et qui ne dit rien. Il ne lui demande rien d'ailleurs, qu'attendrait-il de ce paysage? Quelques traînées grises et une tache noire à la crête, l'ombre d'une bosse de sable sans doute, trahissent un vague relief sans enlever l'impression d'uniformité. A présent, seuls les coups sourds de son coeur troublent le vide de ce monde hostile.
                Il était pourtant certain, puisqu'il avait payé le passeur, de s'échapper cette nuit, d'échapper à cette vie sans cesse menacée, à ceux qui le niaient en faisant de lui une fuite de tous les instants. Avait-il eu raison de lui faire confiance? Il avait cru à tant de promesses, vécu tant d'espoirs que pendant longtemps toute prudence, toute méfiance furent oubliées. Son esprit endormi n'imaginait plus d'avenir puisque l'avenir était réalisé. Puis vint le temps du danger, de la menace permanente; il fallut penser à la survie. D'autres avaient réagi aux premiers signes, l'avaient alerté. En vain. Il avait refusé de croire à l'incroyable.
                 La lune maintenant éclaire la porte qu'il regarde à nouveau. La clenche! Dans son affolement, il n'avait pas pensé à la clenche!  La sécurité, même provisoire, est là.  Il tourne la poignée doucement comme s'il n'avait pas fait de bruit avant. La porte, dans un grincement à peine perceptible, s'ouvre.
                 S'ouvre aussi derrière lui, sur le flanc de la colline, un  profond et sombre sillon creusé par la tache noire qui glisse rapidement. Un rectangle de lumière éclaire le sol du hangar sur lequel se découpent deux ombres qui se côtoient. " Une scène de bande dessinée. " pense-t-il en une fraction de seconde.

                                          Silencieuse, la balle frappe.

                   Charles, il ne fallait pas attendre; il fallait imaginer toutes les possibilités sans perdre de temps. Maintenant, pour l'éternité, tu es du temps perdu.

                                                                                                       D. Varin

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes textes et photos
Publicité
Publicité